Filipino Style !

Salut tout le monde,

Cadeau du jour, je poste un extrait de mon carnet de voyage. Mon expérience des Philippines. Bonne lecture !

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Aujourd’hui, je vous écris de Manille. Je suis posé dans un restaurant DOMINO PIZZA, juste à côté de l’Auberge de jeunesse MNL Boutique Hostel. Pas très SenseFood me direz-vous… Oui, je suis d’accord. C’est peut-être une façon pour moi de faire une pause. Ou j’ai peut-être été tout simplement rattrapé par la société de consommation : « Buy 1 pizza, get 1 free »… Alléchant, surtout pour 5€ les deux.

 

Depuis le début de mon aventure, j’ai mangé, dégusté beaucoup de bons produits, bio, végétariens, frais, cuisinés avec amour par les gens rencontrés. La cuisine philippine me marque tout particulièrement. Elle allie le sucré et le salé à merveille et me rappelle la cuisine de mon père. Pour les connaisseurs, j’ai pu tester ici le Pancit, le Kinilaw, l’Adobo, el Lechon, les spaghetti filipino style… Aaaaaah, le filipino style… Mes amis Philipins adorent ce mot. Et c’est vrai qu’il y a un réel filipino style de vie. Avoir le sourire. Garder le sourire plutôt. Garder, car malgré toutes les catastrophes naturelles que peut endurer ce peuple (typhon Pablo en oct 2012, tremblement de terre d’octobre 2013, Yolanda en novembre 2013, et prévisions de catastrophes en 2014…), eh bien je vois toujours sourire les Philippins. Polis, aimables, prêts à aider et à faire découvrir leur culture. C’est comme cela que je me suis retrouvé au beau milieu de la jungle dans la région de Surigao del Sur en compagnie d’une vingtaine de Philippins. Je n’avais pas tout à fait compris où on allait, puis j’ai rapidement découvert qu’ils m’emmenaient dans une grotte souterraine où stalactites et stalagmites y sont préservés. Pour seul accès, la corde en rappel… Le Captain Barangaï, le chef du village, voulait me montrer deux grottes car ils souhaitent les aménager en abris anti typhons. Une centaine de familles pourraient y séjourner quelques jours en sécurité. Certaines l’ont déjà testé pendant Yolanda. Avant que les premiers vivres des secours n’arrivent, il faut compter 3 jours. Les gens qui ne meurent pas sur le coup, meurent souvent de faim après une catastrophe naturelle. Les cocotiers jouent un rôle important dans la survie de la population. Les arbres arrachés perdent leurs noix de coco qui flottent à la surface. Les habitants peuvent ainsi les récupérer. On comprend mieux pourquoi on l’appelle « l’Arbre de vie ».  On peut tirer beaucoup de choses du cocotier : bois, huile, lait de coco, fibres, alcool, sucre…

 

Les Philippines, c’est aussi la pauvreté des grandes villes telles que Manille ou Cebu, où les gens dorment parfois, souvent par terre. Les bidonvilles des banlieues. Comment pourrais-je oublier Noni, ce jeune de Manille de 22 ans chez qui je suis passé chercher les affaires d’une de mes compagnons de route, Nathalie. Après une séance de photos sur son rooftop, en plein bidonville, Nani me demande si à Paris on a des maisons comme celles en bas de chez lui, fabriquées de taule ondulée. Lui et ses colocataires nous auraient tout donné. Logement, nourriture, alcool, taxi… « Tu sais, on est des Cow Boys nous, me dit-il, on peut dormir par terre ». Lui qui ne gagne que 6€ par jour en étant agent immobilier. Et de poursuivre : « mon rêve, c’est un jour d’aller à Paris. Mais le billet, c’est mon loyer annuel. »

 

Je me rappelle également cette fille que j’ai rencontrée hier au restaurant, Joy. Elle était avec ses collègues, et m’a accosté pour me vendre des appartements dans une tour qui sortira de terre en 2017. La plus haute de Manille. Après avoir discuté un peu avec elle, elle me dit qu’elle est originaire d’une île du sud, Negros. Elle travaille à Manille pour envoyer de l’argent à ses parents qui élèvent son fils. Elle le voit 2 semaines dans l’année. Il a 3 ans. Son père est parti. C’est la condition de beaucoup de femmes aux Philippines.

 

Et à côté de cela, les Philippins sont réputés pour être un des peuples les plus heureux au Monde. Et après trois semaines, je le pense. Alors que nous autres français, nous ne cessons de nous plaindre à longueur de journée…

 

Je n’oublierai jamais les éclats de rire avec les producteurs bio et de commerce équitable de Cebu. Ces femmes avec qui j’ai préparé les chips de bananes sucrées. Ou le sourire de cette petite fille qui portaient ma toque de cuisinier lors d’une photo de groupe. Ou encore cette femme de producteur, enceinte de huit mois, qui voulait absolument me toucher le bras pour que son bébé me ressemble.

 

Aaaah, les Philippines… Je n’aurais jamais vécu tout ça sans l’aide de mon amie Anne-Louise, dont la maman est originaire de Davao. Grâce à elle, j’y ai passé mon Noël et mon jour de l’an dans sa merveilleuse famille. Je voulais absolument passer les fêtes ici car c’est un des seuls pays d’Asie qui fête Noël. Et je n’ai pas été déçu, ils commencent en septembre… Oui, la religion catholique y est omni présente. Les taxis et conducteurs ont tous leur chapelet accroché au rétroviseur, et se signent avant de démarrer. La messe de Noël est quasi obligatoire. La bénédiction avant de manger également. Cela s’explique de part les 400 ans de colonisation espagnole (1500-1900), puis les 50 ans de domination américaine. Les Philippines ont également souffert de l’occupation japonaise pendant la seconde guerre mondiale. Tout cela en fait un pays à part en Asie. Culture asiatique, européenne, américaine… C’est pour cela que l’on peut se balader dans les rues de Manille et y voir des Jeepny, ces jeeps américaines transformées en sorte de minibus, tagguées de Vierge Marie, tout en dégustant de la nourriture aux saveurs asiatiques. Les Philippins parlent très bien anglais. Sûrement mieux que moi d’ailleurs, alors que je commence à être quasiment « fluent » même si ça les amuse de me reprendre sur la prononciation de mes « H » : House, Hostel…  La langue, le tagalog, est également agréable à écouter. Le Salamat, équivalent du « Merci, au revoir » prononcé « Saaaa-laaaaa-maaaaat » avec ondulation de la voix est Ma-Gique ! Il résonne encore dans ma tête. Je me promène dans les boutiques et restaurants juste pour l’entendre. A Boracay, le Salamat était omniprésent. Boracay, bijou des Philippines situé dans l’archipel des Visayas. 7109 Iles aux Philippines à marée basse, 7107 à marée haute. Le réchauffement climatique n’est pas une illusion ici… Préservé du tourisme il y a encore 10 ans, Boracay est devenu une étape incontournable pour le touriste-plagiste. Et malgré tout ce côté touristique, j’ai été ébloui par le bleu turquoise de la mer, le sable blanc des plages à perte de vue, les couchés de soleil rougeoyant et de lune plongeant dans les pénombres de la mer…

 

Boracay, je l’ai aussi vécu côté Locaux, grâce à Pauline, une française qui était dans mon lycée. Mariée à un Philippin, Ronald. On ne se connaissait pas vraiment à l’époque, mais mon amie Anne-Louise, encore une fois, m’a mis en contact avec elle. Nathalie, qui fait également partie du réseau Makesense m’a rejoins lors de ces quelques jours à Boracay. Nous sommes allés tous les deux rencontrer Binggoy et Nina, les chefs de Pauline. Ils sont en train d’aménager une ferme au bord de la rivière en hôtel-resort. L’objectif est d’y faire de l’Ecotourisme, et d’ouvrir un restaurant avec les produits bio et locaux de la ferme. Une belle rencontre, des gens simples, accueillants, un déjeuner parfait, les rires et les pleurs de leurs enfants.

 

Enfin, je terminerai sur un sujet qui reviendra certainement dans mes prochains posts. La vie en auberge de jeunesse. Après deux jours dans un hôtel sur la plage, j’ai passé mes trois derniers jours à MNL Boracay Hostel. Et je pense y avoir eu le plus bel accueil depuis le début de mes séjours en auberge de jeunesse. Un staff aimable et serviable qui retient le prénom de tous les résidents. Habillés de polos bleus, ils parcourent les 3 étages de l’auberge ouverte il y a à peine un mois. Réouverte je devrais dire. Car à peine ouverte en octobre dernier, l’auberge a souffert la violence de Yolanda. La manager me racontait comment elle l’avait vécue, cloîtrée avec tous les clients de passage. Un vrai bel orage, mais Boracay n’a finalement pas été touché autant que prévu. Bref, la vie d’auberge de jeunesse est aussi pour moi un réel moment d’échange avec l’être humain. Les cultures viennent à vous sans cesse. Je n’oublierai jamais d’ailleurs ma dernière nuit, que j’avais décidé de passer sans dormir afin d’économiser quelques pisos, mon avion étant à 7h du matin. J’ai finalement dormi 30 minutes après avoir rencontré sur le rooftop de l’auberge, une Singapourienne qui venait tout juste d’arriver. Comme moi, elle venait de quitter son travail après 10 ans en banque. Objectif : aucun. Se laisser porter, voyager. Boracay : elle avait acheté le billet la veille. Après avoir discuté de tous nos points communs de voyageurs, d’hommes et de femmes libres, je lui présente mon totem WIMHA, petit objet en bois à l’effigie de mon Food Sense Tour. Elle le trouve sympa, comme tout le monde d’ailleurs. Et alors qu’elle le tient en mains, le vent soufflant toujours très fort sur le toit de l’auberge, elle me regarde et me dit : « je viens d’avoir un flash en touchant le totem. Ca m’arrive de temps en temps. Quand c’est le cas, je le dis à la personne que je rencontre. J’ai d’abord eu le sentiment que tu es « a nice person ». Puis j’ai eu une vision, celle du bras d’un homme noir. Je ne sais pas ce que ça veut dire, mais je te le livre comme ça. » Une rencontre particulière du fait de mon état de fatigue avancé, et la tempête qui se préparait. Une expérience extra-ordinaire ? je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que l’ébéniste – inventeur du totem Wimha est bel et bien blond.

 

Je vous ramène dans mon monde de réalité où la serveuse du Domino pizza vient de m’apporter un verre d’eau. Sans glaçon. Mais probablement du robinet. J’ai soif. Dans le doute, je ne boirais pas. Je n’ai pas encore fait d’entorse à cette règle depuis le début,  je vais essayer de m’y tenir. Je pars demain pour le Viet Nam. Les Philippines, cela restera pour moi l’hospitalité incarnée, un paradis terrestre aux eaux turquoises et les premiers producteurs de commerce équitable rencontrés.

Bruno

SenseFood Explorer

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One Comment

  1. si tu bois pas d’eau, n’exagère pas sur le whisky non plus ! sinon, tu finiras pas le voyage 🙂 A bientôt. Emmanuel

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